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Les jeunes de nos jours sont-ils vraiment plus irresponcables qu'auparavant?
5 février 2018

Les parents auraient donc une responsabilité dans l’échec scolaire

Coupons court au procès d’intention. Il n’y a jamais une seule explication  à un problème aussi complexe que l’échec scolaire. Evoquer une responsabilité parentale (cf interview de E Maurin) n’a pas pour but de nier celle de l’institution scolaire, ni celle bien sûr des enseignants.

school cityEn fait, il y a longtemps que la sociologie a montré que le rôle de la  famille est déterminant dans l’explication des différences de résultats scolaires. Dans la lignée de Bourdieu, bien des travaux ont analysé l’impact des différents capitaux (économique, social, culturel) transmis par la famille. Chez Bourdieu, les différences de capital culturel [cela dépasse les simples savoirs, il y a aussi les savoir-faire etc …)  sont essentielles. L’école privilégie une culture dite légitime, autrement dit, la culture imposée par la classe dominante. Par conséquent, l’école a une lourde responsabilité dans la reproduction sociale, et finalement, ce point de vue est déculpabilisant à la fois pour les profs (ce sont les dysfonctionnements de l’institution scolaire qui sont mis en avant) et pour les parents. Les parents de ceux dont les enfants peinent, seraient victimes d’une violence symbolique, contre laquelle ils n’auraient pas les armes pour se défendre.

Ces dernières années, les sociologues ne se sont pas contentés de cette approche macrosociologique (ou globale). Ils ont cherché à mesurer notamment « l’ effet établissement », ou encore « l’effet-maître ». Ils veulent montrer que la politique éducative menée localement a de l’importance, de même, des profs impliqués, combatifs, et bien formés peuvent aider à résorber une partie des déterminismes sociaux.

reunion-parents-profsPetite frustration du prof, nous devons nous remettre en cause, mais invite-t-on vraiment les parents à le faire? Dans notre quotidien d’enseignant, nous voyons bien que lorsque les parents suivent les études de leurs enfants, dialoguent avec les profs, les résultats sont meilleurs, et les risques de décrochages réduits.

Les parents nous paraissent s’en tirer un peu facilement quand ils disent: mon enfant est au lycée (voire au collège), je ne peux plus le suivre, et il travaille pour lui. Les parents n’ont pas à culpabiliser, s’ils ne peuvent pas aider leur enfant à faire une dissertation de français, un exercice de physique. En revanche, ils sont en droit de leur demander leurs notes, les devoirs à venir. Ils peuvent les aider à travailler efficacement, en s’assurant qu’ils fassent des séances assez courtes mais sans présence de portables ou d’ordinateurs allumés. Ils peuvent veiller à ce qu’ils aient un rythme de vie à peu près équilibré, qu’ils dorment suffisamment. Ils peuvent les aider à planifier leur travail.

Je ne veux pas terminer par un prêchi-prêcha, mais il faut rappeler une évidence: parents et profs ne sont pas ennemis. Si on attend des autres, il faut aussi accepter de donner, et d’être regardé dans sa pratique, sa façon d’enseigner pour les uns, d’accompagner leur enfant pour les autres. Ajoutons qu’avoir d’autres adultes suffisamment nombreux (personnels de direction, CPE, surveillants) est une nécessité pour lutter contre la tendance de notre système à reproduire de manière choquante [quand on brandit à tout bout de champ le mot égalité], de si fortes inégalités scolaires et sociales.

Auteur: Le monde, Emile Maurin

Source: http://enseigner.blog.lemonde.fr/2013/12/16/les-parents-auraient-donc-une-responsabilite-dans-lechec-scolaire/

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